Perception musicale : sommes nous tous des experts ?

Conférence de Barbara Tillmann dans le cadre des conférences de Printemps de l'Université de Lille Mars 2018


Des recherches sur la perception musicale montrent que même les auditeurs non musiciens deviennent sensibles aux régularités du système musical par simple exposition aux pièces musicales dans la vie de tous les jours. Ces connaissances musicales se révèlent très élaborées ; elles influencent la perception des sons et permettent la compréhension des structures musicales. Par contre, pour quelques personnes, la musique ne fait pas de sens : elles sont incapables de reconnaître une chanson familière sans paroles ainsi que de détecter une fausse note ou quand quelqu’un chante faux (y compris eux-mêmes). Ces personnes sont atteintes d’“amusie congénitale”, un déficit musical sans d’autres déficits cognitifs ou auditifs. Étudier comment le cerveau traite la musique (dans son fonctionnement normal et déficitaire) est devenu l’objet d’un nombre grandissant de recherches qui, avec les recherches étudiant la perception du langage, contribuent à notre compréhension du fonctionnement du cerveau. Barbara Tillmann est directrice de recherches au CNRS et anime l’équipe «cognition auditive et psychoacoustique» au sein du centre de recherche en neurosciences de Lyon. Après avoir effectué sa thèse à l’Université de Bourgogne, elle part en stage post doctoral aux États-Unis avant de revenir à Lyon. Elle s’attache à décrypter les mécanismes cognitifs et neuronaux permettant au cerveau humain de percevoir la musique. Elle étudie plus particulièrement les phénomènes d’amusie congénitale qui touchent environ 4% de la population. Elle a également contribué à révéler le rôle bénéfique de la musique dans le traitement de certains troubles cognitifs (dyslexie, dysphasie). Elle a participé à plus de 120 publications dans des revues internationales de très haut niveau comme Nature, Journal of Neuroscience, Neuropsychology. Elle est l’auteur d’un livre et a écrit des chapitres dans 21 ouvrages très diffusés. Chose remarquable, elle a obtenu la médaille de bronze puis d’argent du CNRS respectivement en 2004 puis 2016. Elle collabore avec de nombreux laboratoires et notamment avec l’Université de Sydney où elle est très impliquée dans les thèmes de recherche et dans l’enseignement.

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